ous m'avez poussé à faire cela." Selon la
chaîne de télévision ABC, l'étudiant sud-coréen, qui a tué
trente-deux personnes à l'université américaine de Virginia Tech
avant de se suicider, aurait laissé une lettre de plusieurs pages
dans sa chambre d'étudiant pour expliquer son geste. Il s'insurge
contre
"les gosses de riches" et
"la débauche" et s'en
prend aussi aux
"charlatans".
Mais un
responsable de la police de l'Etat, le colonel Steve Flaherty, a
démenti l'existence d'une
"lettre de suicide". Il a en
revanche confirmé que la chambre de Cho Seunf-Hui avait été
perquisitionnée, et que l'étudiant avait légalement acheté les deux
pistolets, un 9 mm et un calibre 22, qu'il a utilisés lundi matin
dans les salles de classe.
Un porte-parole de l'université, Larry Hincker, l'a décrit à la
presse comme "un solitaire" ajoutant qu'il avait "beaucoup
de mal à trouver des informations sur lui". Des enquêteurs du
Chicago Tribune ont, par ailleurs, indiqué que l'étudiant
avait dernièrement fait preuve d'un "comportement violent et
erratique". Cho Seung-hui aurait notamment suivi des femmes et
mis le feu à une chambre dans un dortoir situé sur le
campus.
Toujours selon la chaîne ABC, les
autorités américaines auraient trouvé, dans le sac à dos de Cho
Seung-hui, un ticket de caisse daté du 13 mars pour l'achat d'un
pistolet Glock 9 mm. Le sac à dos contenait également deux couteaux
et des balles. Il aurait acheté le second pistolet, un calibre 22,
au cours de la semaine passée. La police a retrouvé ces deux
pistolets dans le Norris Hall, un grand bâtiment de classes où a eu
lieu la tuerie faisant trente morts. L'une des deux armes avait
servi lors de la première fusillade, qui avait fait deux morts deux
heures plus tôt dans l'une des résidences universitaires du vaste
campus. Les autorités refusent encore d'écarter définitivement la
thèse d'un second tireur.
"IL PARAISSAIT TRÈS MINUTIEUX"
Arrivé aux Etats-Unis à l'âge de huit ans, installé avec un
statut de résident, il logeait sur le campus. Sa famille vit à
Centreville (Virginie), à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de
Washington.
Son corps a été retrouvé dans l'une des salles de classe qu'il a
transformées en scènes de carnage dans le Norris Hall. Il a fallu du
temps pour l'identifier : il n'avait pas de papiers sur lui et,
selon la presse, son suicide avait rendu son visage difficilement
reconnaissable. Selon la police, il avait placé dans le Norris Hall
des chaînes sur plusieurs portes d'entrée du bâtiment, empêchant les
étudiants de sortir et retardant l'intervention de la police.
Les témoignages de plusieurs étudiants ont décrit un jeune homme
grand et silencieux, déterminé, qui tirait pour tuer et revenait sur
ses pas s'il entendait des survivants parler. "Il paraissait très
minutieux, il a touché pratiquement tout le monde", a raconté
Erin Sheehan, une étudiante qui a survécu d'abord en se faisant
passer pour morte et ensuite en bloquant la porte pour empêcher le
tueur de revenir. Il tirait "dans un silence presque irréel",
sans viser personne en particulier mais "en cherchant à toucher
le plus de monde possible", a ajouté un autre survivant, Derek
O'Dell.
Plusieurs experts ont expliqué que les auteurs de ce type
d'attaque étaient souvent des solitaires incapables de faire face à
une perte ou un échec, mais qu'il était impossible de savoir ce qui
les poussait à l'acte.