Courriel à Paul-Louis
Arslanian, directeur du Bureau d'enquêtes et
d'analyses (France) et à son avocat Daniel
Soulez-Larivière
Copie au Directeur général de l'aviation
civile (France) et à M. Patrick Goudou, Directeur
exécutif de l'European aviation safety
agency
Monsieur le Directeur,
Dans un rapport d'étape sur l'accident de
Perpignan, publié le 24 février, vous avez émis des
recommandations, notamment sur l'organisation de certains
essais hors ligne et sur l'altitude de tels essais, laissant
entendre que les causes de l'accident seraient à rechercher
dans ces voies. Il semble toutefois que ces évènements ne
pourraient être cités que comme facteurs contributifs, ce qui,
en outre, reste encore à démontrer.
Une analyse rapide de ce rapport semble montrer, comme
cause principale, un problème avec les ordinateurs de
commandes de vol et des moteurs, qui dialoguent entre eux
et qui amènent à des situations surprenantes, sans que
l'équipage puisse reprendre le contrôle du vol. Pendant une
minute, ce qui, techniquement, dans une telle situation, est
exceptionnellement long, l'équipage s'est battu contre des
ordinateurs incontrôlables. L'avion est tout de même
revenu à une situation normale pendant quelques secondes
(altitude 2300 pieds, inclinaison nulle, assiette 7°, vitesse
normale de 138 noeuds, poussée normale, commandes de vol au
neutre), puis il a de nouveau échappé au
contrôle de l'équipage, amplifiant ses sorties
incontrôlables du domaine normal de vol, situation
qui a perduré jusqu'au choc avec l'eau.
La stabilisation qui est intervenue à 2300 pieds et
le constat supplémentaire d'une reprise
ultérieure de 1600 pieds en hauteur,
l'avion remontant à 3800 pieds, montrent que le choix de
l'altitude d'initialisation du test (3000 pieds) n'a pas
eu de conséquen-ces et que, en tout état de cause, il ne peut
masquer les faits constatés s'agissant des systèmes de
contrôle du vol par l'équipage.
Ces problèmes ne sont pas nouveaux. Au lancement de
l'Airbus A 320 et de la "nouvelle technologie Airbus", que
Boeing refuse ouvertement de suivre (1), le surnom de cet
avion était Rantanplan. Il semble que rien ne change après de
nombreux incidents et accidents qui ont pour origine la
mauvaise conception de ces systèmes.
On note que, dans le rapport, aucune indication
n'apparaît sur les éventuelles actions du copilote (les
paramètres de position de son manche manquent), alors que
l'absence de couplage des manches a souvent été dénoncée comme
une erreur de conception (Boeing refuse de suivre Airbus sur
ce point). Il manque aussi les extraits des enregistrements
sonores (CVR) nécessaires à la préhension des faits. Quelles
ont été les réactions de l'équipage aux comportements de
l'avion ? Quels ont été les dialogues ?
Le BEA écarte sans raison l'enchaînement des
évènements qui ont provoqué l'accident et ne livre pas des
éléments suffisants. Il cache même des
informations, alors que le fonctionnement des ordinateurs
et la conception des systèmes sont à l'évidence en
cause. Il faut bien voir qu'après quinze secondes
de vol incontrôlable l'équipage a réussi à reprendre
le dessus (au temps 15 h 45 min 20 s), mais que la
machine lui échappe à nouveau, amplifiant ses sorties
incontrôlables pendant quarante-cinq secondes supplémentaires,
jusqu'au choc avec l'eau.
Dans ces circonstances, laisser entendre que la cause de
l'accident serait une mauvaise organisation du test et une
altitude trop basse d'initialisation de celui-ci est
malhonnête. N'aurait-il pas mieux valu recommander au
constructeur de s'interroger sur certaines particularités de
conception de ses avions ?
Je vous rappelle que vous avez engagé un procès contre
moi, toujours en cours. D'autres procès en diffamation ont
précédé, ayant les mêmes causes. A l'exception du premier, où
j'ai été associé à Michel Asseline qui s'est contenté de
brasser de l'air pour masquer les arguments que je
développais, j'ai gagné les autres, malgré le peu d'entrain de
l'institution judiciaire à faire de la peine à Airbus, sur
ordre du pouvoir socialiste de l'époque. Même le ministre
Mermaz a préféré ne pas insister au moment de la parution de
mon livre. Tous les documents utiles sont sur mon site Web.
Vous les connaissez parfaitement. Il en est de même, surtout,
de votre avocat, Me Soulez-Larivière.
Salutations distinguées,